Casques – Écouteurs : Protégeons l’Audition de nos Enfants

Les habitudes de vie évoluent en même temps que la technologie. Le casque audio, les écouteurs sont des éléments incontournables dans le quotidien des adultes, des jeunes et des enfants. Les spécialistes s’emploient à informer la population qui ne mesure pas toujours à quel point ces accessoires d’écoute sont dangereux pour l’audition.

Quelles sont les situations à risques ?

L’utilisation intensive et régulière des baladeurs MP3, des casques, oreillettes, smartphones… s’accompagnent d’une hausse des risques de perte auditive.

Voici 5 situations dangereuses à éviter :

• Une durée d’utilisation des casques et oreillettes trop longue : exemple du travail en open space, les salariés, tous équipés de casques, sont loin des 20 heures à 90 décibels par semaine préconisés. La plupart des jeunes utilisent des oreillettes. Ils passent plus de 2 heures/jour à écouter de la musique et sont plus de la moitié à déclarer s’endormir avec leur smartphone branché sur de la musique.
• Un niveau sonore souvent trop élevé des baladeurs : poussé à fond, il peut émettre jusqu’à 100 décibels, (niveau auquel les constructeurs ont l’obligation de brider les appareils). Les écouteurs pas toujours bien adaptés lorsqu’ils ont été achetés séparément et une musique compressée et donc des reflets sonores qui disparaissent, sont autant de facteurs qui nous poussent à augmenter le volume. Et n’avez-vous pas remarqué cette tendance inconsciente que nous avons à augmenter plus facilement le son lorsque nous écoutons une musique qui nous plait particulièrement. Le Pr. J-L Puel, directeur de recherches à l’Inserm, exprime que « plus on augmente le son, plus on perçoit le rythme, et non davantage la mélodie ».
• L’écoute de son baladeur dans un environnement trop bruyant comme dans les transports publics, incite tout naturellement à augmenter le son. Ces lieux peuvent atteindre 95 décibels. Privilégier les endroits plus calmes pour éviter cela.
• Dans un concert, ou une boite de nuit, le niveau sonore peut monter jusqu’à 110 décibels. L’alcool agissant, les bourdonnements, les sifflements dans les oreilles ne sont pas ressentis. A ce niveau il ne faudrait pas rester plus de 45 minutes. La règlementation limite à 105 décibels le niveau sonore moyen dans les lieux musicaux. Le groupe de musiciens qui s’entraine et joue régulièrement est également exposé au bruit.
• Le docteur Pascal Foeillet, médecin ORL explique que les risques de lésions du système auditif sont plus accentués par le port d’oreillettes que par un casque, parce que les embouts sont introduits dans le creux du conduit auditif.

Quelles sont les conséquences

d’une trop grande exposition au bruit ?

Lorsque les oreilles de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte sont exposées à un volume excessif, ou à un bruit brutal, des sons trop aigus, ou encore pendant une durée trop longue, l’oreille interne, constituée de milliers de cellules sensorielles, est touchée. Ces cellules peuvent êtres soit abîmées, soit détruites définitivement parce qu’elles ne se reproduisent pas et qu’elles sont irréparables.

Parmi les conséquences sont citées :

• Les acouphènes qui sont des bruits parasites, des sifflements, des bourdonnements, entendus tous les jours et sans interruption,
• Une diminution significative de l’ouïe,
• Des douleurs dans l’oreille,
• La surdité totale ou partielle qui peut apparaître prématurément et définitivement,
• De l’hyperacousie lorsque la personne est intolérante au moindre bruit,
• Trop de bruit peut provoquer une gêne, entraîner des problèmes de stress, de perte de sommeil…
• “30 à 40% des enfants présentant des troubles de l’apprentissage comme la dyslexie, la dysphasie… ont des atteintes au système auditif. Leur difficultés d’écoute sont mises à l’épreuve dans les salles de classe où perdure souvent un bruit de fond.”

Comment protéger

l’audition de nos enfants ?

Le vieillissement de l’oreille est naturel, et une personne âgée qui entend moins bien, cela se conçoit. Par contre, lorsqu’un jeune présente des troubles auditifs, cela n’est pas naturel. Les oreilles des enfants peuvent être soumises à rude épreuve, et pour préserver leur audition des précautions s’imposent.

Voici 6 recommandations-conseils simples :

• Laisser reposer les oreilles de l’enfant, comme celles de l’adulte d’ailleurs. Par exemple après 45 minutes d’écoute d’une histoire, ou d’une musique douce, ne pas hésiter à faire une pause d’un quart d’heure minimum pour que l’oreille puisse respirer. J-L Horvilleur précise que plus le son est fort plus les pauses sont rapprochées parce que le son impose une pression sur le tympan. Lorsqu’il est trop fort, les cellules sensorielles de l’oreille peuvent être endommagées, voire détruites à vie.
• Eviter de mettre des écouteurs à un bébé pour l’endormir. Ecouter de la musique bien sûr, cependant le casque est inutile. Une enquête Ipsos révèle qu’en France, 1 bébé sur 10 s’endort avec un casque ou des écouteurs. 62% des parents déclarent entendre ce que leur enfant de moins de 6 ans écoute sous son casque. En grandissant il s’habitue et il cherchera un son toujours plus fort.
• Éduquer les enfants, les adolescents quant à l’utilisation de casques audio. Les former, les sensibiliser aux risques que constituent l’écoute abusive et intensive de la musique avec un casques ou des oreillettes. Leur apprendre à utiliser le casque ou les écouteurs (régler le volume toujours au-dessous de la moitié du maximum possible, limiter la durée d’écoute). Si un jeune utilise des bouchons d’oreilles en cas d’inconfort, au moment de les retirer, il est nécessaire de lui préciser de le faire au calme pour éviter d’exposer brutalement ses oreilles à un volume sonore élevé etc…
• Utiliser les casques ou écouteurs fournis avec l’appareil parce qu’ils garantissent un volume sonore maximum de 100 décibels. Régler le volume dans un endroit calme et ne pas l’augmenter.
• S’il y a des travaux dans la maison, adopter le casque antibruit pour protéger les oreilles des enfants. Le casque est certes plus encombrant que les bouchons d’oreilles mais il est plus efficace, et plus stable pour les plus jeunes, qui gagnent en autonomie.
• Pendant un concert ou un festival, un adulte sait s’isoler du bruit de temps en temps et s’éloigner dans la mesure du possible des enceintes. Pour le bébé, le bon sens parle, le concert est néfaste pour lui.

A retenir…

L’échelle de tolérance de nos oreilles va de 0 à 120 décibels. L’audition d’une personne est normale jusqu’à 80 décibels et c’est à partir de 85 qu’il y a risques auditifs. C’est à ce niveau sonore que les bruits abiment et à partir de 110 décibels qu’il y a risque de traumatisme aigu.

Qu’on se le dise, l’essentiel à retenir est que le danger avec des écouteurs ne vient pas du type de musique écouté mais bel et bien de l’intensité du son et de la durée du temps d’écoute.

« Il ne s’agit pas d’empêcher d’écouter de la musique, mais de faire au contraire en sorte qu’on puisse en écouter toute sa vie ». (Ministère de la Santé)

Sources : INPES (institut national de prévention et d’éducation pour la santé), Dr Pascal Foeillet, médecin ORL, conférence de presse introductive à la Journée nationale de l’audition, Campagne pour le mp3 AGI-SON, Bruno Frachet, auteur de « L’audition pour les nuls » aux éditions First