Les Apprentissages Formels et Informels chez l’Enfant

Tara, frappe à la porte du bureau de sa sœur, il est 15 heures.

-Toc-toc ! Coucou, je peux te déranger ? Mon petit Enzo dort.

– Entre ! répond Inès à sa sœur cadette, tu tombes bien puisque j’envisageais de faire une pause.

– Oh oui, un café gourmand, ça te dit ?

Tandis qu’Inès s’affaire devant la machine à café, Tara explore, le bureau et notamment, les nouveaux écrits de sa sœur. Elle lit à haute voix :

– Les apprentissages informels ont toujours existé, mais ils restent encore peu reconnus. Ce n’est que depuis quelques décennies qu’ils ont commencé à intéresser les chercheurs, les professionnels de l’enfance, ainsi que, de plus en plus de parents.

Les apprentissages formels et informels

 

Tara questionne :

– Qu’est-ce tu entends par apprentissages informels ?

– Les apprentissages informels sont toutes les expériences d’apprentissages acquis ailleurs que dans les écoles, toutes les activités éducatives organisées qui se déroulent en dehors de l’école obligatoire. L’éducation non-formelle attire beaucoup les enfants, comme les ados et les adultes d’ailleurs ! Des exemples, il y en a beaucoup : les leçons de musique, les entraînements en sport, les travaux manuels, les cours de langues, le scoutisme, etc…

Comme à l’école, pour les apprentissages informels, il y a des professeurs, des instructeurs, des animateurs etc.. et des programmes, qui ne nécessitent pas obligatoirement des connaissances de bases pour y participer.

– Ce sont les activités extra-scolaires en somme !

– Oui, Tara, tu as raison, répond sa sœur, mais il n’y a pas que cela !

– Et les apprentissages formels alors ?

– Du coup, les apprentissages formels représentent tout ce que l’enfant apprend à l’école, et ils sont contrôlés par les Etats. Dans nombreux pays, l’école est rendue obligatoire, par exemple en France, c’est de 6 à 16 ans, (the basic education). Des programmes précis sont mis en place, avec des objectifs et des systèmes d’évaluation, des examens, des professeurs diplômés qui utilisent des livres scolaires précis etc… Cf.

Ceci-dit, je vais peut-être t’embrouiller mais, sais-tu qu’on peut aussi trouver à l’école de l’apprentissage informel ? Il est partout.

– Vraiment ? s’étonne Tara. Comment c’est possible, l’apprentissage informel à l’école ?

– Tu as raison de t’étonner après ce que je viens de te dire, cependant, c’est possible ! Par exemple, individuellement ou en groupe, lorsque les enfants sont à la récré ou pendant les activités plus libres, sportives ou artistiques, pendant le goûter, ou encore durant les repas.

Pourquoi tu t’intéresses tant à l’apprentissage informel ?

 

Je travaille ce sujet, répond Inès, parce que les apprentissages informels présentent à mes yeux beaucoup d’intérêt. J’ai vraiment envie d’approfondir la question, pourquoi, comment, où… Peu de personnes semblent vraiment être conscientes de leurs propres apprentissages en dehors de ceux des écoles, sans doute parce qu’ils ne sont pas encore assez pris en compte aujourd’hui.

Ivan Illich l’a exprimé en 1971 ainsi que d’autres critiques sur l’éducation : « les apprentissages par l’expérience jouissent rarement du même prestige que les apprentissages acquis (et accrédités) dans des structures officielles ».

Pourtant, les apprentissages informels peuvent s’acquérir grâce à un nombre incroyable d’expériences différentes. Le petit enfant, comme nous tous d’ailleurs, apprend de manière informelle, toutes ces petites choses qui servent dans la vie au quotidien. Il développe une multitude de compétences à la maison. D’ailleurs, nombreux enfants reproduisent plus tard, ce qu’ils ont appris au sein du cocon familial. “Vivre les choses personnellement, les faire soi-même, est le moyen le plus efficace de garder en mémoire, d’intérioriser”, n’est-ce pas ce que l’on entend souvent dire ?

– Votre petit Lucas, par exemple, connaît très bien, du haut de ses 4 ans, le tri écologique, parce que Simon et toi, vous y accordez de l’importance, ajoute Tara.

– Oui, tu as raison c’est un bon exemple ! L’enfant apprend le recyclage comme bien d’autres choses, d’abord à la maison.

Il apprend de manière informelle également partout où il va, à la crèche, chez l’assistante maternelle, pendant les voyages en famille… Il écoute la vie, les conversations autour de lui et y participe. Et puis, que d’informations et de savoirs, avec les livres et la télé, les tablettes… ! C’est grâce aux expériences dont il bénéficie qu’il acquiert savoirs, compétences et savoir-être. Avec les apprentissages informels, il apprend les valeurs, les attitudes, les pratiques. Important aussi, l’ouverture d’esprit, l’écoute, le sens du partage, le respect des gens, des animaux, des choses…

– L’éducation, quoi ! conclue Tara. Mais on n’est pas parfaits, nous les grands !

– Nul n’est parfait, c’est sûr, et heureusement ! Cependant, gardons en tête l’importance de notre conduite, en tant qu’ adulte devant les enfants. Je ne veux pas jouer les moralistes, Tara, mais l’exemplarité, cela a du sens !

– Lorsque l’enfant sort de la maison et rencontre d’autres personnes, il prend conscience, il perçoit les similitudes entre les expériences d’apprentissage à la maison et celles d’ailleurs. Si on en revient au recyclage par exemple, ce que l’enfant en sait, ce qu’il a appris chez papa, maman, il comprend que c’est transférable à une autre situation. Chez la Nounou, chez Papy et Mamie etc.. sont reproduits les mêmes comportements que ceux acquis chez ses parents.

Tara, tournant les pages du manuscrit de sa sœur, s’arrête sur celle-ci : “Trois formes d’apprentissage informel ont été recensées”.

– Oui, explique Inès, ce paragraphe apporte quelques précisions.

Trois formes d’apprentissage informel

 

•  Les jeux, activités sans l’aide d’une personne, bien qu’il puisse y avoir la présence de « personnes-ressources », parents, frères et sœurs, proches, nounous, éducs, instits…Ils sont dits “apprentissages à la fois intentionnels et conscients” parce que les parents, et tous les professionnels de la petite enfance, ont bien conscience que dans de telles activités auto-dirigées, l’enfant va y apprendre quelque chose.
• Les apprentissages dits “fortuits”, avec les jeux éducatifs par exemple. Ils se produisent quand l’enfant n’a aucune intention d’apprendre de cette activité ludique, mais se rend compte, une fois le jeu terminé, qu’il a appris quelque chose.
• Avec la socialisation, l’enfant n’est pas conscient qu’une activité d’apprentissage a lieu parce qu’apprendre en groupe est un processus inconscient sur le moment. Mais, avec la socialisation, il assimile de façon naturelle des valeurs, des attitudes, des comportements, des savoirs-faire etc…

Évolutions 

– Ces vingt dernières années, de nouveaux réseaux de recherche, dédiés à l’étude des apprentissages informels, amènent cette question, plus au centre des débats.

– Ah oui ? et qu’est-ce qui te fait penser ça ? questionne Tara.

– Plusieurs évolutions intéressantes, explique Inès, par exemple concernant les adultes :

Ce qu’on appelle en France la VAE, (Validation des acquis de l’expérience), qui permet aux personnes d’ obtenir une reconnaissance de ce qu’ils savent et ce qu’ils sont capables de faire, ce qu’ils ont pu apprendre ailleurs qu’à l’école. J’ai l’exemple d’un skipper de métier, qui a encadré des enfants puis des ados en difficultés durant multiples voyages maritimes éducatifs. Aujourd’hui, par le biais de la VAE, grâce à ses nombreuses connaissances, compétences, son savoir-être et ses valeurs, il a pu obtenir une reconnaissance d’éducateur spécialisé.

Revenons aux enfants, avec une autre évolution intéressante : les Lieux alternatifs, comme les crèches et les écoles auto-gérées. Tout le monde a entendu parler de Maria Montessori, de Célestin Freinet et d’autres. Les exercices sont conçus et créés comme des expériences pédagogiques par des pédagogues qui ont des objectifs en tête lorsqu’ils forment le programme. Ce type d’écoles intéresse de plus en plus, par conséquent, se multiplient. Je travaille un futur dossier sur ce sujet.

– Inès, l’éducation formelle ou informelle là, c’est la même chose que l’apprentissage informel ?

– Hé bien, répond Inès, pour synthétiser tout cela je dirai : Nous sommes dans l’apprentissage ou l’éducation formels lorsqu’il y a “un enseignement organisé et dispensé à l’école, ou dans un contexte organisé et structuré. Par exemple, dans un établissement d’enseignement ou de formation,” (UNESCO, 2004).

L’éducation et les apprentissages informels renvoient à l’acquisition de connaissances, de compétences et d’attitudes en dehors de l’ école. Nous avons lu cette définition plus haut dans le texte. Ils peuvent compléter ou renforcer les connaissances déjà acquises.

L’éducation informelle est la mise en place délibérée de situations pour créer des expériences d’apprentissage informels. Il peut y avoir des éducateurs, animateurs, et des professionnels. Un exemple : le scoutisme où, les enfants apprennent à vivre en groupe, ou à développer leur sens de l’orientation en utilisant correctement une boussole etc…

Un petit enfant se fait entendre…

– Ah ! j’entends Enzo qui appelle, dit Tara. Je n’ai pas vu le temps passer !

– Il a fait une super bonne sieste ce petit ! s’étonne Inès.

– Oui, c’est chouette ! Et en ta compagnie, je n’ai pas vu le temps passer ! J’y vais Inès, je te laisse à ton travail. Et, Merci, pour le café gourmand ! Bisous sœurette !