Nos petites merveilles et les livres

Suzanne et Pierre avec leurs enfants Clarisse 3 ans et Théo 6 ans, passent un weekend à Nantes, chez Inès, Simon et Lucas 4 ans. Bel après-midi d’automne, samedi sympa, au cœur de la ville, avec promenades et emplettes tous ensemble.

Nous retrouvons les adultes en discussion dans le salon, après le coucher des enfants.

– Je suis contente, s’exclame Inès, cet après-midi j’ai pris de l’avance en commençant les achats du Père Noël, j’ai trouvé des livres pour tous les enfants.

– Super Inès, parce que tu fais toujours des choix judicieux pour eux ! répond Pierre.

– C’est surtout qu’elle adore les livres et qu’elle prend toujours un réel plaisir à partager sa passion ! assure son mari Simon.

– Oui, c’est vrai, j’aime la lecture et son univers, ceci dit, je n’achète jamais au hasard, je pense avant tout à la personne à qui je vais offrir le livre.

– Intéressant chère belle-sœur ! Et alors, tes achats ? ajoute Suzanne.

Le livre et le nourrisson

– Eh bien, par exemple, pour Alix, le dernier né de mon amie Laurette, j’ai acheté comme je vous disais, un livre ! Je me suis dit que pour ce nourrisson de 3 mois, le livre n’est pas un livre en tant que tel, mais un objet. Pourquoi ? Parce qu’à cette première étape de son développement (le stade sensori-moteur), ce qui est attrayant pour lui, c’est la texture des pages, le bruit au toucher, c’est à dire le sensoriel. Il va passer son temps à le manipuler, l’agiter, le lâcher, le porter à sa bouche, le mordiller comme tout autre objet, c’est de la motricité pour un bébé, tout cela ! Et, lorsque sa maman Laurette et son papa Michel lui parleront doucement du livre, des images, des pages qu’ils tournent , il se sentira bien, parce que rassuré et apaisé par le son de leur voix.

– Des voix qu’il reconnait dès sa naissance, assure Suzanne, elles lui sont familières.

– Bien sur ! Alors, poursuit Inès, pour le petit Alix, j’ai trouvé un imagier adapté à tout cela, avec des pages aux textures différentes, et des images en couleurs, très simples.

Le livre et le bébé de plus de 4 mois

Le petit bébé, après 4 – 5 mois mois, est plus attentif aux illustrations parce que sa capacité visuelle est meilleure. Depuis quelques semaines en effet, il perçoit les détails et voit bien à distance. Présenté tôt, le livre est un amusement et lorsque vous lui montrez, en la nommant, une image du livre, vous aidez votre bébé à développer son langage. En utilisant un seul mot, et le même pour une image, il mémorisera vite. Les temps de lecture sont pour bébé, synonymes de bien-être, de chaleur, auprès de papa maman, ou proche. Lire, raconter en étant expressif le captive. Imiter les sons l’amuse beaucoup et il imite à son tour. Exemples : “meuh”, “coin-coin”, “toc-toc”, “pin-pon” ! Lors de ses sorties, le simple fait de lui montrer avec l’ index, et de lui citer le nom des choses, l’arbre, la fleur, l’oiseau etc.. qu’il a vu dans les livres, lui permettra plus tard, de faire plus rapidement l’association. L’important, disait Françoise Dolto, est de parler vraiment à un jeune enfant, même s’il ne parle pas encore. “Si on s’adresse à un bébé sans s’intéresser à sa personne, au bout d’un moment, il n’écoute plus.”

– Je suis bien de ton avis, dit Pierre, la lecture reste vraiment un temps de partage qui apporte du bien-être aux enfants. Rosalie et Jean, ne lisent pas un livre à petit Louis le soir, ils lui parlent d’une voix douce de sa propre histoire, en lui résumant sa journée de petit garçon.

– C’est chouette, répond Inès, ce rituel est aussi apaisant pour petit Louis parce qu’il apporte les mêmes avantages que la lecture, c’est à dire mémorisation, rassurance et apaisement juste avant le sommeil.

– Ainsi donc, continue Inès, pour les 6-18 mois, j’ai choisi des imagiers plus complets, aux pages cartonnées, solides. Le petit enfant s’amuse à ouvrir le livre, à le refermer, à tourner les pages les unes après les autres. J’ai préféré les livres avec de belles images parce qu’à cet âge-là, il les regarde plus longuement. Rester attentif aux images qui l’intéressent et lui demander de montrer celles qu’il connait bien, est un jeu pour lui. J’ai adoré les livres qui font appel aux sens, comme le toucher, la vue et l’ouïe ! Ce sont des livres aux textures différentes et avec des sons appropriés aux images.

Le livre et les jeunes enfants de 18 mois à 3 ans

Autre exemple d’achat cet après-midi : j’ai pensé que les enfants de la famille et des amis qui avaient entre 18 mois et 3 ans étaient entrés dans une 2ème étape de leur développement (le stade symbolique). Le livre, peu à peu, n’est plus considéré que comme un simple objet. L’enfant comprend que, ce qu’il voit sur les pages du livre, un dessin, une image, une photo, tout cela représente des choses qui existent en vrai. L’enfant progressivement est capable d’accéder à un monde de représentations. Il peut s’exprimer sur des choses non visibles par des gestes et des sons.

– Comme quoi par exemple ? questionne Suzanne.

– Par exemple, il entend dehors, le chien du voisin aboyer, il ne le voit pas, il ne sait pas encore parler mais il imite l’aboiement pour dire « j’entends un chien », tout en regardant par la fenêtre et en levant son index. Il a intériorisé les choses, il garde en mémoire une représentation mentale du chien. Les objets continuent d’exister même s’ils ne sont plus devant ses yeux. Ces conduites symboliques qui commencent à apparaître après le stade sensori-moteur, témoignent bien d’un progrès cognitif chez le petit enfant, (développement de son intelligence).

Sachant combien le livre est source d’apprentissages, j’ai choisi pour ces enfants, des livres qui leur font découvrir les formes, les couleurs, les lettres etc.. J’ai trouvé aussi les premiers livres d’histoires simples, aux images claires et textes courts, avec un personnage principal qui revient, dès qu’il tourne la page.

– Quelques fois, Clarisse s’endort pendant la lecture, dit Suzanne.

– Oui, la fatigue l’emporte ! Même avec un livre qui raconte une histoire, nous ne sommes pas obligés de finir le livre tout de suite.

– En tous cas, la lecture apporte beaucoup aux jeunes enfants, résume Simon. Si elle est faite régulièrement, elle facilite l’acquisition du langage, elle conduit le petit à apprendre à écouter, elle représente un bon moyen de communiquer et elle participe à la construction de la personnalité de l’enfant dès son plus jeune âge. Que de points positifs, n’est ce pas ?

 Et après 3 – 4 ans ?

– Oui, dit Suzanne, et pour les enfants un peu plus grands comme Théo, qu’en est-il ?

– C’est une question très intéressante, nous en parlerons. Ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que Pierre et toi, vous partagez régulièrement des moments de lecture avec Théo et toujours avec bonheur, donc, il n’a jamais considéré la lecture comme une corvée, un travail, mais un réel plaisir . Il commence à apprendre à lire, et le livre, qui est le support indispensable de cet apprentissage est pour lui, la représentation des bons moments. Il devrait apprendre vite.

– Je pense qu’en tant que parents, constate Pierre, nous sommes un modèle de lecteur, pour nos enfants.

– Oui, répond Inès, c’est en famille que la lecture produit les très bons résultats, avec l’implication des parents. Bien sûr, chacun s’approprie les livres à sa manière. Nous pouvons être un parent qui lit des livres ou pas, avec plaisir ou peu, qui partage ou pas ! 

– Et la BD, le journal et les recettes de cuisine, c’est de la lecture tout ça ? dit Suzanne.

– Bien sûr ! La lecture de presse, les magazines, les livres pratiques, techniques. Et sur Internet il y a énormément de lecteurs (livres, presse, blogs, forums, réseaux sociaux etc….).

– Merci Inès pour cet éclairage ! termine Simon. Il est déjà vingt heures, si nous allions dîner ? Je vous ai concocté un super filet mignon au curry !