« Les valeurs n’ont jamais quitté le monde de l’éducation pour la simple raison qu’il n’y a pas d’éducation sans valeurs ». (O.Reboul).

 

Du temps de nos grands-parents, les enfants reprenaient les mêmes activités que leurs parents. Héritage professionnel et les valeurs avec, le paquetage ! Les enfants des années 60, ne reproduisaient plus obligatoirement le modèle familial, et les conditions de transmission avaient déjà changé.

Certaines valeurs plus essentielles que d’autres, représentent comme des références, communes à la famille, non pas parce qu’elles ont été entendues, mais parce qu’elles ont été vécues et intériorisées. Ces valeurs nous servent de normes. On s’y réfère pour agir, elles nous aident à prendre des décisions tous les jours, et cela de manière souvent inconsciente.

Chacun peut se positionner un jour, par rapport aux valeurs qui lui ont été transmises. Et nombreux sont les parents qui pensent que les croyances éducatives évoluent, et ils n’ont pas envie de reproduire ce qu’ils considèrent comme des erreurs.

A l’évidence, il tient à cœur aux parents d’élever leurs enfants dans le respect de leurs valeurs communes pour leur apporter des repères. Par la suite, ils pourraient construire eux-mêmes leur propre système de valeurs !

Vouloir transmettre des valeurs, n’est pas suffisant parce que ce qui est transmis n’est pas de l’ordre de notre vouloir, mais de l’ordre de ce que nous sommes à l’intérieur de nous-même. Nous ne maîtrisons pas tout. Nous pouvons transmettre notre grand cœur, comme nos peurs ou nos blocages…. Et il parait difficile de transmettre des valeurs si on ne les traduit pas dans notre quotidien.

« Ce qu’on transmet à nos enfants, ce n’est pas tant ce que l’on maîtrise, qu’un état d’esprit. Et cet état d’esprit, c’est avant tout la confiance dans l’adulte, dans le monde qui l’entoure.» a écrit Philippe Jeammet, Psychiatre.

Tous les spécialistes s’accordent à dire que la conscience morale s’installe vers 7-8 ans chez l’enfant. Elle est le résultat d’un long processus, se déroulant pendant toute la petite enfance, et dont les parents sont les initiateurs. Voici listées ci-dessous des valeurs qui restent fortes :

 

1 – Les Valeurs familiales transmises dans un contexte de bienveillance : le prendre-soin

 

Il s’agit de prendre soin du bien-être de tous les membres de la famille, d’assurer les besoins de chaque enfant pour leur permettre de grandir en toute sérénité. Le tout petit doit vivre dans un climat bienveillant de bonheur, d’équilibre…Françoise Dolto a su nous convaincre comme beaucoup de parents, d’éducateurs et de professionnels, que « tout est langage, nous devons parler vrai à un enfant. Non pas lui parler mais parler avec lui. Ses gestes, nos gestes ont un sens… ».

Francine Barrite, éducatrice de jeunes enfants, explique : « Autrefois, nous demandions aux parents de filer à l’anglaise pour éviter que l’enfant pleure. Aujourd’hui, nous leur recommandons de faire comprendre à leurs enfants qu’ils vont se séparer d’eux et qu’ils reviendront le soir les chercher. Les enfants sentent dans le ton de la voix qu’ils sont considérés et respectés, ce qui les sécurise ».

Prendre-soin de l’enfant pour son bien-être, c’est à dire :

  • Assurer ses besoins quotidiens
  • Assurer sécurité et stabilité dans son environnement
  • Proposer une éducation pédagogique stimulante
  • Permettre une certaine liberté d’action à l’intérieur d’un cadre sécurisé

Et c’est dans ce contexte familial, que les règles morales, les valeurs ont conduit les relations entre les différents membres de notre famille. Ces valeurs, que nous souhaitons transmettre à nos enfants, sont partagées au quotidien, et expliquées calmement, avec des mots simples. A chaque fois, des exemples concrets sont choisis et l’enfant mis en situation. Par exemple : plutôt que de dire : “Qu’est-ce que ça signifie être poli ? ” Demander : ” Tu viens de demander du pain, tu as dit à maman :”Du pain, je veux du pain”, est-ce-que tu penses, qu’en le demandant comme ça, tu es un enfant poli ? Quelques minutes plus tard, lui reformuler que lorsque l’on demande quelque chose, c’est bien, c’est poli de dire “s’il te plait”.

2 – Les Valeurs culturelles avec la Bienveillance pour des enfants confiants et dignes de confiance

 

Amour – mise en Confiance – Education – Responsabilisation

Les parents ont conscience que pour vivre en bonne intelligence avec les autres et se sentir bien dans leur peau, leurs enfants doivent tous, un par un, comprendre et intégrer certaines choses.

La confiance en soi et dans les autres, se construit chez le petit enfant, à travers ses parents, le regard qu’ils posent sur lui et sur le monde, et ce sentiment de sécurité, ce climat de confiance, qu’ils lui donnent. Inversement, si l’enfant ne se sent pas en toute sécurité, il perdra confiance en lui, aux autres et il aura peur du changement.

 

Comment conduire l’enfant vers cette mise en confiance ?

– Dès son plus jeune âge, l’enfant peut être mis à contribution, en responsabilité et apprendre à se rendre utile en aidant. L’habituer à ranger ses jouets au sol dans des petits bacs ou tiroirs faciles d’accès, à déposer son assiette et ses couverts dans le bac en fin de repas, à plier sa serviette et la ranger dans le tiroir… c’est lui permettre de se réaliser, de se responsabiliser, en rendant service aux autres. Une petite phrase courte, simple, bienveillante en remerciement, encourage un enfant à continuer de faire le bien.

– Devenir quelqu’un de fiable et digne de confiance au sein de la famille, à l’école, au sport…cela s’apprend. Aider un enfant à développer de bonnes relations, cela peut être de lui expliquer l’honnêteté, la malhonnêteté, le mensonge, et commencer à éveiller sa conscience du bien et du mal.

– Pour amener un enfant à comprendre ces différents concepts, il est possible :

  •  Soit d’utiliser des exemples concrets, comme expliqué plus haut :” Lorsque tu as lancé par terre, tous les légumes de ton assiette , tout à l’heure, est-ce que c’était bien ?”
  • Soit de positionner l’enfant à la place de l’autre et de lui demander par exemple : “si quelqu’un te mentait, comment te sentirais-tu? Si quelqu’un volait ton goûter ? Etc…

Les enfants peuvent très bien réfléchir et comprendre la portée de leurs actes et celle des autres. Les parents, en prenant le temps d’expliquer, les conduisent jour après jour à discerner le bien du mal, le meilleur et le moins bien, à ne pas blesser les autres et à les respecter, à être tolérant, à rester humble etc.. C’est une éducation qui, tant que les enfants sont à la maison, passe beaucoup par la discussion et le dialogue.

Enfant – rapport à la loi -conformité – règles

« Certains parents aux idées plus libertaires se sont égarés », avait dit Françoise Dolto, il y a plusieurs décennies.

Conduire l’enfant à respecter la loi, les règles… 

– L’enfant a à apprendre l’interdit. Claude Halmos estime que “La première leçon de morale que doivent donner des parents à leur enfant passe par ce que Françoise Dolto appelait “L’interdit,” opposé au plaisir toujours recherché. Un interdit qui signifie que le plaisir dans la vie ne doit pas être le seul guide.»

Les lois énoncent les valeurs morales de la société dans laquelle l’enfant est amené à grandir. Il s’agit de ce que nous tous, avons le droit de faire ou de ne pas faire et dans quelles conditions. L’enfant a à apprendre à respecter la Loi, les obligations formelles.

 

3 – Bienveillance pour apprendre la socialisation, le respect des autres

Ouverture, générosité, partage, amitié, valeurs civilité : politesse, civisme élémentaire, respect, honnêteté, tolérance, solidarité…

 

A la crèche, à l’école, même au parc, l’enfant apprend à vivre avec les autres, c’est la socialisation. Il commence à mettre en pratique, « les valeurs qui régissent la vie sociale, en particulier le respect de l’autre. Dans ces lieux collectifs, il retrouve au quotidien, les mêmes règles, interdits et devoirs sociaux expliqués, inculqués par ses .parents : ne pas mentir, voler, frapper l’autre, partager, respecter, etc.

Comment conduire l’enfant à se sociabiliser :

– Vers 3-4 ans, l’enfant commence à passer du temps avec les autres enfants. Lui, très sensible aux compliments de ses parents, veut leur faire plaisir. Il est capable de mettre en pratique ce que, jour après jour, ils lui ont appris : attendre d’être servi lorsque c’est son tour sans s’impatienter, demander quelque chose avec un “s’il te plait”, accepter de partager… Lorsque les parents le félicitent pour cela, il est joyeux et motivé pour reproduire ces bons comportements.

– L’enfant a à apprendre à se respecter lui-même, à s’aimer. Alors que les parents sont en train de lui apprendre à écouter les consignes, ils doivent eux-aussi  accepter quelques-uns de ses refus. En effet, pour qu’il gagne en respect de soi, peu à peu, il est bon de lui permettre de donner son avis, de l’écouter, d’accorder du crédit à ses paroles, ou discuter sur ce qu’il vient de dire. Considéré, l’enfant se respecte. L’apprentissage du respect lui est inculqué chaque jour, lorsque les personnes autour de lui ont ce respect, l’enfant inconsciemment intériorise ces comportements d’écoute, d’échanges, d’apprentissage… et par mimétisme, il les reproduit.

– Il reste important que toute la famille, grands- parents, parents, enfants, tantes et tontons se respectent entre-eux et évitent de parler en mal des autres devant les enfants.

– Un enfant qui a apprit la politesse est une personne avec qui il est agréable de vivre. Dire s’il te plait et merci sont les bases, un apprentissage de chaque instant.

– De même pour le partage : Tout petit enfant qui vit dans une fratrie est habitué au partage même s’il ne mesure pas vraiment le concept. Après 3 ans, tous les enfants sont capables de générosité, parce qu’ils ont compris qu’en prêtant un jeu, en donnant un dessin, ils font plaisir. 

Un enfant peut aussi apprendre le respect

  • des objets, par exemple ses jouets comme ceux des autres,
  • de la nature et les comportements pour la préserver,
  • de la nourriture et de l’eau….

Autres influences

C’est une réalité, transmettre des valeurs nécessite fermeté, tolérance, calme et patience.

C’est d’abord le rôle des parents de transmettre les valeurs aux enfants, cependant dans ce domaine, ils ne sont pas les seuls. En effet, les enfants rencontrent dès leur plus jeune âge d’autres personnes, d’autres influences. Ce sont les grands-parents, les amis, les instituteurs, les professeurs… qui apportent leur contribution personnelle, en toute complémentarité.

A. Jacquard a écrit : “Un enseignant, transmet d’abord les valeurs à travers ses attitudes et ses actes (même si certains s’en défendent et refusent d’endosser le rôle d’éducateur) et en tout premier lieu à travers les relations qu’il noue avec les jeunes.”

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