Les médias exercent partout une certaine fascination parce qu’ils sont très attractifs et faciles d’accès. Faisant partie intégrante de l’environnement de l’enfant, ils participent à l’évolution de son imaginaire, et sont enrichissants pour son esprit créatif.

Cependant, les médias peuvent tout aussi manipuler l’enfant en touchant à sa sensibilité, à sa fragilité parce qu’il est un petit homme en devenir, encore incapable d’avoir un regard critique et de prendre la distance nécessaire.

Il est important, voire indispensable pour les parents, de lui apprendre à utiliser les médias à bon escient pour l’amener à comprendre leur fonctionnement et peu à peu à dissocier le vrai de la fiction.

Le réel et l’imaginaire chez l’enfant

A 3-4 ans, l’enfant ne discerne pas le vrai du faux, ni l’imaginaire du réel, il ne sait pas dissocier la pensée silencieuse et les mots qui peuvent traduire cette pensée. Bruner écrit à ce sujet que le jeune enfant est convaincu que la personne devant lui connait tout de ses pensées.

L’enfant dispose d’un imaginaire particulièrement développé. Il peut s’inventer et se raconter à haute voix beaucoup d’histoires sans préméditation ni méchanceté. Il se les raconte pour s’amuser, il s’identifie à ses héros, sans se soucier du réalisme. Les histoires lui viennent naturellement, issues de sa vie d’enfant, des rituels au quotidien, des moments vécus en famille, chez la nounou, à l’école…

Boris Cyrulnik écrit : « l’identification à un super-héros traduit avant tout chez l’enfant un désir d’être grand, de s’identifier aux parents, à ceux qu’il aime. C’est une déclaration d’amour. La fascination pour le super-héros, en revanche, n’est pas positive parce qu’elle peut traduire une peur du monde, un désir de reprendre virtuellement la maîtrise du réel. Le jeu, le dessin ou l’écriture, permettent de supporter le réel en apportant des compensations magiques. »

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Il est important d’aider l’enfant à s’ancrer peu à peu dans la réalité, à se projeter, sans pour autant brider son imaginaire. Quelques préconisations peuvent l’amener à faire la différence entre le monde imaginaire et la réalité :

  • Valoriser les propos de l’enfant lorsqu’ils sont justes, vrais. Lorsque qu’il a fait une bêtise ou une erreur, le parent peut l’encourager à dire ce qui s’est réellement passé. Il est important de le féliciter quand il reconnait son erreur ou ses bêtises et lorsqu’il répare. Le gronder n’est pas le plus efficace, l’enfant chercherait par la suite à dissimuler ses bêtises et à mentir par peur d’être puni.
  • Eviter de porter un jugement moral sur ses « histoires » d’enfant. « Tu racontes vraiment n’importe quoi !” Danielle Dalloz lors d’un entretien explique à ce sujet que les parents peuvent essayer de lire derrière les mots, même lorsque les mots “mentent”, et de trouver quelle est la part de vérité cachée dans la fabulation de l’enfant. Par exemple, si l’enfant dit : “J’ai froid !” alors qu’il fait chaud, mieux vaut se garder de lui répondre : “Non, il fait chaud !” Il est essentiel de respecter le ressenti unique de l’enfant. » Même si ce ressenti ne correspond pas à la réalité, il correspond malgré tout à quelque chose que l’enfant cherche à exprimer. C’est ainsi qu’il peut renforcer sa confiance en lui.

Après 4 ans, l’enfant découvre ce qui n’est pas réel. Cela ne l’empêche pas de continuer à s’inventer des histoires. La psychologue a répondu à ce sujet : « S’il vous affirme qu’il conduit une voiture, plutôt que de lui dire : “Ce n’est pas possible !”, ce qui annulerait sa parole et son monde imaginaire, il est possible d’entrer dans son imaginaire en rectifiant gentiment : “Ah, tu aimerais conduire une voiture… Tu aimerais pouvoir le faire déjà…. Mais est-ce que tu sais pour de vrai à quel âge tu pourras le faire ?

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Les médias

a) Leur influence :

Les médias exercent beaucoup d’influence sur le développement psychosocial de l’enfant. Ils ont vite compris que de faire de la publicité de produits commercialisés auprès des enfants est très efficace parce qu’ils ne comprennent pas le principe du matraquage et du bluff publicitaire. Ils ont tendance à croire tout ce qu’on leur dit, et ils peuvent même se sentir privés de quelque chose d’essentiel s’ils n’acquièrent pas les produits vantés par la publicité. La plupart des enfants d’âge préscolaire ne comprennent pas la différence entre une émission conçue pour divertir et une publicité fabriquée pour vendre. Peter Nieman écrit : “Plusieurs études démontrent qu’en raison de leur niveau de développement, les enfants avant le primaire ne distinguent pas forcément la publicité des émissions régulières”.

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b) Les images et les sons violents :

Les images violentes qui présentent le plus de risques de perturber un enfant sont les scènes d’événements de la vie réelle, les sujets d’actualité comme les attentats,  la guerre, les famines dans les pays étrangers.., ainsi que les scènes dans lesquelles des animaux sont blessés ou tués. Serge Tisseron, psychiatre, précise : «Autant que ce qui est montré, c’est son contexte émotionnel qui importe pour l’enfant petit. Pour lui, voir un soldat tirer au fusil mitrailleur est moins perturbant que de voir des gens hurler, pleurer, sortir de leurs maisons en courant. Et il est encore plus perturbé lorsqu’il ne sait pas quelle valeur attribuer à cette intensité émotionnelle, comme c’est le cas lorsqu’il voit des images pornographiques. »

Comprendre un enfant blessé

par les images médiatiques ?

« Dès l’âge de 2 ans, un enfant est capable de se détourner de ce qui le dérange, notamment en quittant la pièce ou en changeant de chaîne quand il est plus grand » écrit S. Tisseron. Toutefois, si certaines images violentes ont pu provoquer chez lui un stress émotionnel, sous forme d’angoisse, de peur, de colère ou de dégoût, il va chercher à se protéger, pas seul mais devant quelqu’un. Pour cela, il tente de transformer ces images de 3 façons :

  • en en parlant,
  • en se racontant des petites histoires
  • ou encore en reproduisant, en imitant les gestes stressants qu’il a vus.

Accompagnement au quotidien

Les adultes restant conscients des risques encourus pour un enfant face aux médias, peuvent le guider dans l’utilisation pertinente de l’ensemble qu’il s’agisse de la télé, de la radio, des jeux vidéo ou informatisés, Internet…

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  • Avec une bonne gestion médiatique par exemple dès sa 2ème année, des habitudes télévisuelles peuvent être établies, et les parents bien renseignés sur les émissions et leurs heures de diffusions.
  •  Regarder la télévision, Internet ensemble et profiter de ces temps pour discuter des émissions, des images, sur ce qui est de l’ordre du réel, et de ce qui est fictif. Serge Tisseron propose d’établir un climat de confiance et un dialogue constructif et de ne pas systématiquement tout interdire. D’autres médias comme les magazines, la radio peuvent être supervisés par les adultes parce qu’ils peuvent également influencer l’enfant soit dans ses habitudes alimentaires, son activité physique, sa consommation ou sa santé mentale.
  • Varier les activités partagées en famille : cuisine, bricolage, sorties diverses (promenades, zoo, parc, musée, jeux extérieurs…), parce que plus les enfants passent de temps avec les médias, plus ils sont influencés par ceux-ci (la télévision par exemple). Un enfant qui présente des problèmes d’agressivité, ou qui semble plus vulnérable…. y est peut-être trop exposé.
  • Continuer à se tenir informé des données les plus récentes sur l’influence des médias et le développement de la santé psychosociale de l’enfant.

Conclusion

La question de l’exposition de l’enfant aux divers médias fait partie intégrante de l’éducation aujourd’hui. Les parents, les professionnels jouent un rôle très important dans l’apprentissage social de l’enfant.  Les médias ont leurs bons côtés,  ils sont enrichissants pour tous. Parler d’eux régulièrement et partager les avis de chacun, chacune, petits et grands, c’est agir en parents-éducateurs acteurs.

Les médias sont omniprésents et la pression exercée est constante. Aussi, ne les laissons pas prendre le relais concernant nos enfants, lorsqu’ il s’agit d’éducation et d’influence.

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Sources : Serge Tisseron : Auteur du livre « Enfants sous influence » ; Danielle Dalloz auteur du livre “Le mensonge” aux éditions Bayard + interview le 06/01/2014 Sohie Furlaud ; “Comité de la Pédiatrie Psychosociale” : Peter Nieman (auteur principal) ;  Fabre N. « Le travail de l’imaginaire en psychothérapie de l’enfant » aux éditions Dunod ;  Winnocott D.W. « Jeu et réalité » chez Gallimard.