Quels jeux choisir pour nos Petites Merveilles (de la marche à 4 ans)

Bonjour et merci d’être venus si nombreux au salon du jouet aujourd’hui, à la Maison du Grand Ouest de Nantes. Après une pause musicale stand 21, nous reprenons notre animation du jour : « Comment choisir les jeux de nos enfants ? » Pour la catégorie “enfants de la marche jusqu’à 4 ans”, je passe le micro à l’un de nos invités dès à présent.

– Bonjour à tous ! reprend ce dernier. Nous savons de manière générale que le jeu remplit une fonction très importante chez l’enfant. Au cours des premières années de sa vie, très rapidement, il développe ses capacités motrices et psychologiques. Lorsque le petit joue, il apprend, et c’est en jouant, en imitant les grands qu’il découvre le monde, la vie. Pour les adultes, c’est différent, le jeu est utile mais sa fonction diffère. L’adulte joue pour se détendre, se changer les idées, et cela, lorsque qu’il ne travaille pas.

Jean Piaget (1896-1980) a dédié sa vie à comprendre les apprentissages, la pensée et l’intelligence de l’enfant. Sa théorie explique comment tout enfant dans son développement, passe par différentes étapes, selon un ordre établi quel que soit son origine ou sa culture. Chaque enfant progresse à son rythme, de manière continue et progressive.

Le développement du jeune enfant (de la marche à 4 ans).

Jean Piaget propose quatre stades de développement chez l’enfant. C’est du second, le stade préopératoire, dont je vais vous parler maintenant parce que chez l’enfant de 2 à 4 ans, c’est une étape importante. Celle de la maîtrise du langage et de l’acquisition de la fonction symbolique. Voici plus précisément ces évolutions :

– La maîtrise du langage, et donc l’acquisition de la communication verbale.

– La représentation, l’image mentale : le petit enfant peut se représenter un objet sans que celui-ci soit devant lui.

– L’enfant qui ne vivait que dans le présent, l’immédiateté, peut se représenter des actions passées et futures.

– Un objet peut aussi devenir la représentation d’un autre objet. Par exemple, pendant un jeu, un bout de bois peut devenir une voiture.

– L’imitation, l’apparition du jeu symbolique : l’enfant fait semblant, imagine, invente des scénettes.

– Le dessin est également une nouveauté. Le petit dessine des images qu’il a gardé en tête.

– L’enfant acquiert intuitivement certains des concepts logiques. Les concepts sont bruts. Dans ” la genèse de la pensée”, Piaget en 1964 exprime certains traits de la pensée enfantine. Par exemple, l’apparition de l’égocentrisme, à ne pas confondre avec l’égoïsme, l’animisme, l’enfant a tendance à concevoir les choses comme vivantes et douées d’intention, la lampe est vivante parce qu’elle éclaire, la lune nous suit quand nous nous promenons, donc elle est vivante. Il y a aussi le finalisme, les objets du monde sont conçus en fonction d’un but. Et l’enfant pense que tout a été fabriqué par l’homme, qu’ il a fait pousser la montagne avec une graine que le lac, il l’a creusé. L’enfant assimile les lois physiques aux lois morales, ainsi les bateaux flottent car ils le doivent, la lune éclaire parce que ce n’est pas elle qui commande… » Nous avons tous sourit après avoir entendu ces phrases enfantines !

– La notion du temps : l’enfant de deux ans a conscience du temps immédiat, les longues durées ne lui disent rien. Si vous lui dites à midi : «tu verras ta maman ce soir», cela ne le rassure pas, parce que ce soir est pour lui une échéance indéfinie. L’enfant de trois ans comprend «avant» et «après» mais pas ce que signifie «hier » ou «demain ». La perception du temps chez l’enfant est différente de celle de l’adulte. Elle s’ organise autour de points de référence associés à un événement comme Noël, Pâques, un anniversaire, une visite.. Plus tard, vers 6 ans, l’enfant comprendra que le temps s’écoule en phases successives : le jour, la nuit, la semaine, le mois, l’année.

– La notion d’espace est une acquisition qui se fait en même temps que celle du temps. L’enfant de quatre ans a conscience de l’espace immédiat, il est capable de mémoriser les itinéraires familiers, comme celui de la maison vers l’école. Mais il ne saisit pas les distances. A cinq ans l’enfant peut situer : gauche droite, devant derrière, en haut en bas.

– Entre deux et quatre ans, l’enfant va réaliser un travail mental : l’individuation. C’est-à-dire la constitution de lui-même en tant qu’individu à part entière. Il va appréhender, distinguer tout son univers, ses parents, sa maison, ses proches, ses jouets, ses émotions joie, peine etc., pour en faire quelque chose de cohérent. Ce travail est essentiel pour l’organisation de sa personnalité, c’est un puzzle symbolique en somme, rassembler les parties en un ensemble cohérent !

Harry Ifergan psychologue-psychanalyste apporte « L’exemple du biscuit cassé : si, entre deux ans et quatre ans, on propose à un enfant un biscuit cassé en deux, il le refuse car il n’est pas entier ; cela lui rappelle la sensation de morcellement contre laquelle il lutte pour faire de sa personne un tout unifié. De même, beaucoup d’enfants, aiment faire des découpages et des collages de pièces de papier et carton de toutes formes. Couper, coller. Ainsi, ils rassemblent des pièces éparses en un tout ».

– Vient le moment pour moi de vous remercier pour votre écoute, conclut l’invité, et c’est avec plaisir que je passe le micro à l’équipe des professionnels du jouet.

– Bonjour à vous, impressionnant auditoire ! s’exclame l’un d’eux en prenant le micro. Passons alors à la grande question du jour :

Quels Jeux choisir pour le bon éveil de votre enfant ?

– Pour répondre à cette question, nous allons nous appuyer sur la classification ESAR, parce qu’elle s’appuie sur les stades de développement établis par Monsieur Piaget. Cette classification comporte plusieurs catégories de jeux, les 4 grands groupes constitués autour de la progression de la maturité intellectuelle de l’enfant.

A- Les jeux d’assemblage

Ils consistent à combiner, à monter plusieurs éléments pour former un tout, en vue d’atteindre un but précis. Ils s’adressent à tous les âges, dès un an, car leur niveau de difficulté est très large. Ils font appel à différents niveaux d’intelligence des stades sensori-moteur, représentatifs et logiques. Ce sont les :

– Jeux de construction

– Jeux d’agencement

– Jeux d’expérimentation

– Jeux de fabrication

B-Les jeux d’exercice

Ils sont répétés pour le plaisir de s’exercer, de réussir et de produire des résultats. La plupart des jouets des deux premières années en font partie, parce que durant cette période le petit explore beaucoup. Ce sont des jeux avec des mouvements de préhension comme saisir, serrer, taper, vider, remplir, tracer etc. à savoir les :

– Jeux d’éveil sensoriels

– Jeux de motricité

– Jeux de manipulation

Voici 3 exemples :

– Les Jeux de transvasement intéressent les petits dès la fin de leur première année et va les accompagner longtemps : verser, renverser, remplir, vider, recommencer, transvaser …Avec du sable, de l’eau, des gros bouchons… Mettre dans la boîte, dans le seau ou autre gobelet, retirer etc. Les enfants adorent ces jeux d’apprentissage, source de plaisir. D’ailleurs, les jeux de transvasement sont parmi les piliers de la pédagogie Montessori qui a développé toute une théorie sur leur utilisation et leur rôle.

– Les Jeux de construction, continue l’orateur au micro, très simples en apparence, ils sont en réalité très complets. Ils permettent de nombreux apprentissages à la fois moteurs et intellectuels. Un peu avant 2 ans, l’enfant associe des images à ses constructions. Il invente ses premières histoires et utilise plus d’éléments pour réaliser son projet. Idée : laisser deux ou trois jeux de construction avec des modes d’assemblage différents en accès-libre et, à proximité de ces jeux, des figurines, des petites voitures, pour que les enfants puissent mêler personnages et constructions et enrichir à la fois imaginaire et créativité.

– Les Jeux d’encastrement : puzzles ou boîtes à formes, restent essentiels. Ils vont permettre à l’enfant d’affiner la coordination œil-main, la préhension et tout le vocabulaire spécifique. La première boîte à formes est choisie basique. Commencer par des formes géométriques simples : rond, carré, triangle. Poursuivre avec des formes plus complexes : étoile, lune… Les premiers puzzles, sont choisis en bois, avec peu de pièces (2 à 5), aux images simples. Peu à peu l’enfant s’ intéresse à assembler un plus grand le nombre de pièces. Avec les encastrements et puzzles, l’une des difficultés majeures reste l’orientation des éléments, qui nécessite patience et précision, quand les gestes des petits manquent encore de contrôle.

Il existe nombreux jeux d’exercice plus complexes qui, eux, sont pratiqués à tous les âges.

C-Les jeux symboliques

Ils permettent de faire semblant, d’imiter les objets et les autres. Ils apparaissent vers 2 ans pendant le stade de l’intelligence représentative, et ils durent longtemps. En imitant les plus grands par le jeu, les enfants affirment leur personnalité et apprivoisent leur environnement. Ce sont les :

– Jeux de rôles

– Jeux de mises en scène

– Jeux de représentation

A 2 ans, avec par exemple les pièces couleurs en plastique, les jouets simples d’empilage ou de démontage, l’enfant commence à construire des choses, des formes. Ce n’est pas seulement une activité motrice, nous sentons que c’est le début de la narration même si le langage n’est pas compréhensible. A 3 ans, avec les poupées, un garage et des véhicules, des maisonnettes, des jeux de dînette, un petit établi sur lequel il peut taper, visser etc.. l’enfant reproduit des situations qu’il vit au quotidien. Et en jouant, il commence à inventer des histoires.

D-Les jeux de règles

Ils comportent un code précis à respecter et des règles acceptées par les joueurs. Ce sont les :

– Jeux d’association

– Jeux de parcours

– Jeux de combinaisons

– Jeux d’adresse et sportifs

– Jeux de stratégie, de réflexion

– Jeux de hasard

– Jeux de questions-réponses

Piaget situait ces premiers jeux de règles vers 6 ans, lorsque l’intelligence anticipe les résultats et formule des hypothèses. Pour autant, il existe des jeux de règles simples qui plaisent aussi aux enfants de 2 à 5 ans dont le code à respecter est simple et ludique. Ce sont les :

– Jeux de coopération dès 2 ans, plusieurs thèmes sont proposés : le verger, la banquise…

L’erreur, pourtant nécessaire dans les apprentissages, est trop souvent perçue comme une faute. Aider l’enfant à faire seul, nécessite de prendre le temps, de le laisser sans étouffer sa spontanéité. A chaque réussite, c’est un peu plus de confiance en lui gagnée. Si le jeu parait difficile, un petit coup de pouce est le bienvenu, l’activité restant toujours du plaisir.

Tandis que l’orateur au micro annonce une pause musicale au stand 21, Pierre s’approche du petit groupe et s’exclame, enthousiaste :

Les Jeux Vintage

– “Vous devriez venir voir, il y a un stand « jeux vintage », super sympa, qui invite à revivre des moments inoubliables.

– Ils redeviennent à la mode semble-t-il tous ces jouets rétro, répond Simon tout en tapotant sur son smartphone. J’ai des infos : « D’après une étude « Opinion Way » menée auprès des Français âgés de 18 ans et plus, 75% ont eu un jouet préféré qui les a marqués lorsqu’ils étaient enfants et 53% des 25-34 ans sont nostalgiques du/des jouet(s) préféré(s) de leur enfance.

– Cette étude parle de nous, dit Suzanne, vous vous souvenez comme moi, de ces jouets : voiture télécommandée, jeu du Docteur Maboul, Tétris, ardoise magique, train électrique, Goldorak… autant de jouets fantastiques qui ont bercé notre enfance !

– Eh bien, à ce stand 12, continue Pierre, sont présentés les « Best of » qui ont marqué plusieurs générations. Il y a aussi les Bd et les premiers jeux vidéo de notre jeunesse.

– Chouette, allons-y, c’est tentant ! se réjouit Inès.

Tandis que le petit groupe excité se dirige vers le stand 12, Simon s’exclame en riant :

– «Aie, aie aie ! je sens qu’ils vont nous faire craquer, ce serait génial de faire rejouer nos petits avec les jouets, les jeux de notre enfance !

– Tu as raison, ajoute Pierre, j’aimerai bien retrouver les dessins animés préférés de ma jeunesse ! Ma parole, ces professionnels du jouet ont bien travaillé… voire même, la psychologie des adultes qui, en achetant un jeu pour leurs petits, vont tellement se faire plaisir à eux aussi !